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Les nouveaux modèles d’affaires: un tsunami à prévoir ?

Philippe Richard Bertrand

Président et chef de la direction

22 novembre 2017


J’ai observé qu’au Québec, nous avons été très innovants ces dernières années en matière de nouvelles technologies dans certains milieux de travail. Nous avons, entre autres, robotisé et amélioré nos façons de faire en usine. Cependant, nous avons malheureusement accumulé un important retard sur l’adaptation de nos modèles d’affaires à cette nouvelle réalité numérique.

Il est donc à prévoir que certains domaines seront très affectés par les conséquences de ce retard. Par exemple, le domaine légal et paralégal devra être entièrement réinventé en raison de l’arrivée de l’intelligence artificielle. Avec l’expansion exponentielle du blockchain, les notaires et les banques devront également réorienter leur pratique.

Il faut arrêter de parler de l’innovation comme étant seulement au niveau technologique. Il faut aussi innover dans nos modèles d’affaires, dans la façon dont on bâtit nos entreprises, au niveau des services et des produits que nous offrons. À l’heure actuelle, le buzzword «transformation numérique» est sur toutes les lèvres, et c’est tant mieux. Cependant, si nos modèles d’affaires ne sont pas en lien avec les besoins de notre cible, on passe à côté de réels changements qui sont nécessaires à la pérennité de nos entreprises.

Prenons par exemple la compagnie Kodak, qui a manqué le bateau en ayant failli à la tâche de développer un appareil selon les nouveaux standards actuels. Le résultat? Même en ayant au dessus de 140 000 employés dans le monde, cette pionnière de la photographie a fait faillite. Il y a aussi la triste histoire de Blockbuster, qui a refusé de soutenir Netflix, en donnant comme argument que le divertissement ne passerait jamais par les écrans d’ordinateur ou de téléphone. C’est probablement en se mordant amèrement les doigts que ce géant de la location de vidéos s’est vu forcé de fermer définitivement ses portes quelques années plus tard.

Je presse les sociétés canadiennes et québécoises d’emboîter le pas afin de ne pas connaître le même sort. Je ne peux m’empêcher de penser à Hydro-Québec, qui avait commencé un prototype pour la première voiture électrique au monde, mais qui a abandonné le projet en cours de route. Avec le succès retentissant de Tesla aujourd’hui, nous réalisons à quel point notre fleuron québécois avait le doigt sur une mine d’or.

La transformation des modèles d’affaires est un enjeu à surveiller de près. Malheureusement, au Québec, nous risquons d’être frappés de plein fouet par cette vague, car la plupart de nos entreprises n’ont pas encore adapté leur modèle d’affaires à la réalité d’aujourd’hui.


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